"l'odeur des souvenirs du temps passé.."
Je laisse derrière moi un vent froid chargé de pluie. Les portes se ferment, il fait chaud, je m'assois. Le RER démarre et j'ouvre mon livre comme une boîte à secret. J'enlève délicatement la feuille pliée en quatre qui me sert de marque page et sur laquelle sont inscrits phrases, noms, mots, évènements. Les stations défilent, les lumières changent, le train s'arrête. J'émerge lentement d'une courte parenthèse de pur plaisir, le sourire encore aux lèves. P. m'a conseillé ce livre parce qu'il l'a beaucoup aimé, parce qu'il pensait, à juste titre, que je l'aimerais aussi et qu'il m'aiderait à y voir plus clair. Un livre comme refuge, pour réfléchir, se retrouver par résonance et peut-être changer. Un livre qui enrichit et bouleverse mais aussi à l'inverse cristallise et capture un faisceau d'émotions, l'image d'une personne, un état d'esprit, le ressenti du temps présent. Un livre qui aide à évoluer mais un livre qui devient une borne dans la roue du temps, une porte ouverte sur ce que nous étions. Dalva commence à prendre cette densité, il s'impreigne de tout ce que j'y mets. Un jour, quand je le croiserais dans les rayons d'une bibliothèque, lui aussi aura "l'odeur des souvenirs du temps passé" .